"Si seulement il avait vingt ans de moins, nous formerions une machine complémentaire"
Mi Casa est une entreprise familiale. Cette expression peut être prise au pied de la lettre. Non seulement il existe des liens familiaux entre les employés, mais le fondateur et le directeur actuel sont également père et fils. Jean-Luc & Thibo Lidou sont des opposés et ils forment ainsi un duo complémentaire. "Je suis très fier de voir comment il poursuit avec passion l'œuvre de ma vie".
Jean-Luc, comment vous êtes-vous lancé dans la construction en bois massif ?
Jean-Luc : "J'ai commencé ma carrière chez Wolfgang Verraes, le premier constructeur en bois massif de Belgique. Il a initié une révolution dans le monde de la construction. Chaque détail comptait. Lorsqu'il m'a demandé de créer un département en Espagne en tant que co-partenaire, j’ai été ravi de cette proposition. Il y a un entrepreneur qui sommeille en moi."
Qu'est-ce qui rend l'architecture si intéressante pour vous ?
Jean-Luc : "Je suis créatif. Donc je peux certainement apporter ma contribution. Je suis également plein de ressources. Par exemple, dans mes jeunes années, je suis tombé amoureux du projet d'une maison très onéreuse. J'ai commencé à travailler avec un crayon et du papier, et Wolfgang est passé par là et m'a demandé, plutôt hésitant : Bon sang, que faites-vous ? J'ai répondu que je voulais capter l'esprit de cette maison pour la concevoir dans une alternative abordable. Et cette conception a connu un énorme succès."
Pourquoi êtes-vous revenu en Belgique ?
Jean-Luc : "Wolfgang Verraes a été victime de son propre succès. L'entreprise est devenue trop importante et a fait faillite. En outre, nous avons perdu notre premier fils là-bas. Nous avons pensé qu'il était temps de revenir en Belgique pour y créer une entreprise. Le nom "Mi Casa" est un clin d'œil à notre séjour en Espagne. Je voulais proposer une maison de construction en bois de haute qualité sous la forme d’un full package. Une maison qui fait rêver. "
Et vous avez parfaitement réussi. Depuis 1994, Mi Casa fait partie intégrante du monde de la construction. Qu'est-ce qui rend Mi Casa si spécial ?
Jean-Luc : "Nous garantissons de belles maisons, qui se distinguent de toutes les autres, sans être choquantes. Nous prêtons également une attention particulière à l'intérieur. C'est une image globale. Mi Casa est devenu une marque. C'est ce qui me rend le plus fier. ‘Mi Casa’ est perçu comme un label de qualité. Sur Immoweb, il y a même des maisons vendues sous l’appellation Mi Casa, alors qu'il ne s'agit pas d'une de nos propriétés. Un beau compliment (rires)."
A un certain moment Thibo n'a pas arrêté de parler : Pourquoi ne pas faire comme ceci et comme ça ? J'ai répondu de manière assez provocante : "Si tu peux mieux faire, fais-le toi-même". De manière positive, bien sûr. Cela a été le déclic.
Jean-Luc Lidou.
Thibo, tu as grandi avec Mi Casa, à partir de quand t’y es-tu intéressé sérieusement ?
Thibo : "Je n'ai jamais connu autre chose. J'ai grandi dans l'une des premières maisons Mi Casa à Wijnendale. Les discussions techniques avaient lieu dans notre cuisine. Mais je mentirais si je disais que je m’y suis intéressé dès mon plus jeune âge. J'étais fermement convaincu que je ne m’investirais jamais dans l'entreprise. Il en a été bien autrement (rires)."
Qu'est-ce qui a provoqué ce revirement ?
Thibo : "A l’occasion de mes jobs de vacances, je me suis informé progressivement auprès de Marc, l'ancien partenaire de mon père. J'ai vu toutes les équipes au travail. C'est comme ça que je me suis passionné. Entre-temps, j'ai suivi un cursus d’ingénieur commercial. Depuis 2013, ces connaissances m'ont aidé à améliorer la productivité opérationnelle et les finances de Mi Casa."
Jean-Luc : "Quand il est rentré après avoir visité un chantier en Espagne, il n'a pas arrêté de parler : Pourquoi ne pas faire comme ceci et comme ça ? J'ai répondu de manière assez provocante : "Si tu peux mieux faire, fais-le toi-même". De manière positive, bien sûr. Cela a été le déclic. Lorsque nous avons déménagé à Bruges en 2008 - avec l'intention de nous reposer - Thibo a dit qu'il souhaitait reprendre les activités de Mi Casa.
Comment avez-vous vécu cela ?
Jean-Luc : "Je lui ai donné toute ma confiance dès le premier jour. Cela s'est fait automatiquement. Ce qui était ennuyeux, c'est que son choix signifiait que je ne pouvais pas ralentir. Je n'ai pas pu vendre l'entreprise comme prévu. Bien au contraire, l’activité est devenue encore plus intense. C’était aussi la période la plus difficile de l'histoire de Mi Casa, de 2010 à 2013."
Thibo : "2012 a été notre pire année, nous avons fait plus de pertes à l'époque que de bénéfices aujourd'hui. Je ne savais rien de tout ça, d'ailleurs. Mon père ne laissait pas paraître que les choses n'allaient pas bien. Si j'avais su ça, je n'aurais jamais fait mon master. Mais au final, les choses sont sur la bonne voie depuis quelques années, et c'est le plus important pour l'avenir."
Avez-vous hésité un instant, Jean-Luc ?
Jean-Luc : "Si Thibo n'avait pas voulu reprendre l'affaire, j'aurais peut-être jeté l'éponge. Au lieu de me laisser aller, j'ai travaillé jour et nuit pour le faire démarrer dans les meilleures conditions possibles, malgré cette période difficile."
Thibo : "Le fait que les choses aillent mal a aussi été ma force. La plupart des enfants de propriétaires d'entreprise arrivent quand tout va bien dans l'entreprise et peuvent se reposer sur leurs lauriers. Je devais être performant. Des mesures drastiques ont dû être prises pour que notre entreprise redevienne réellement rentable. Maintenant que les choses vont de nouveau très bien, nous essayons de garder cet état d'esprit."
Les employés l'ont-ils accepté immédiatement ?
Jean-Luc : "L'avantage de Thibo, c'est que tout le monde le connaissait déjà grâce à ses jobs de vacances. Ils l'ont accepté tout de suite, malgré ses idées folles. Nombre de ses idées allaient à l'encontre de nos méthodes de travail traditionnelles. Il a eu la chance que ses premières interventions ont été immédiatement couronnées de succès. S'il avait échoué, il aurait bien vite perdu tout crédit.
Thibo : "J'ai agi sur base de ma philosophie d'ingénieur commercial. Ainsi, aux côtés d’un opérateur de machine expérimenté, je lui ai dit, du haut de mes 23 ans de gamin : "Tu fais ça depuis 25 ans, mais à partir de maintenant, nous allons faire ça et ça. Je voulais améliorer chaque processus, trouver l'équilibre parfait entre le prix et la qualité."
"Pour moi, il s'agissait de construire de belles habitations, et pas seulement un toit au-dessus de la tête. Je voulais faire des maisons que l'on pouvait choisir. Non pas par prestige - presque personne ne sait qui s’abrite derrière une maison Mi Casa - mais par amour du produit."
Jean-Luc Lidou.
La meilleure preuve de ce progrès réside peut-être dans le fait que, même en 2020, année de la Covid, Mi Casa a battu des records de vente.
Thibo : "Incroyable. Je n'ai pas d'autre mot pour le dire. Le secret de Mi Casa est une qualité inégalée, rendue possible par un processus de production interne contrôlé et un personnel enthousiaste et motivé. Nous avons un produit unique. C'est ce qui accroche.
Jean-Luc : "Mi Casa est une entreprise familiale, avec des routiniers expérimentés qui ont bien compris le fonctionnement de Mi Casa. Encore plus que Thibo. C'est pourquoi nous n'avons pas besoin d'un directeur des ventes. Nos consultants sont motivés."
Quel était votre objectif lorsque vous avez fondé Mi Casa, Jean-Luc ?
Jean-Luc : "Faire de l'argent ne m'a jamais intéressé. C'est une condition nécessaire à la réussite d'une entreprise, mais ce n'était pas ma priorité. Pour moi, il s'agissait de construire de belles habitations, et pas seulement un toit au-dessus de la tête. Je voulais faire des maisons que l'on pouvait choisir. Non pas par prestige - presque personne ne sait qui s’abrite derrière une maison Mi Casa - mais par amour du produit.
Thibo : "J'ai été élevé dans cet amour. J'aimerais avoir une croissance de cinq pour cent par an, mais cela ne doit pas se faire au détriment de notre qualité. Il est important pour moi que je connaisse chaque maison. Nous serons toujours une entreprise familiale".
Qu'est-ce qui distingue une bonne entreprise de construction d'un entrepreneur moyen ?
Thibo : "Le service après-vente. Être présent pour vos clients à tout moment. J'attache également une grande importance à la transparence pendant la vente. C'est comme ça qu'on évite les problèmes. Nous disposons d'un cahier des charges complet. Nous organisons également une réunion d'implantation pour nous assurer que tout a été clairement discuté."
Jean-Luc : "Pour moi, il s'agit de notre expérience globale. La force de Mi Casa est de rester fidèle à sa philosophie : de belles maisons intemporelles, le même principe pour l’intérieur et un service après-vente performant. Nous avons fait le choix conscient de maintenir notre travail à petite échelle afin de pouvoir offrir une qualité supérieure."
Mi Casa est-il souvent au cœur des discussions lors des fêtes de famille ?
Thibo : "Plus que ce qui est souhaitable. Cela peut parfois dégénérer en discussion. Parce que nous avons chacun nos propres idées."
Jean-Luc : "Je le soutiens dans les choix qu'il fait. Je ne me mets jamais au premier plan, mais je reste accessible afin de préserver l’aspect et l'ambiance de Mi Casa. Il reste mon petit garçon. Si Thibo me demande conseil, je lui donne mon avis sans détours. C'est à lui de décider s'il suit mon conseil. Je ne l'ai jamais poussé, j'en suis très fier."
Vous vous ressemblez ?
Jean-Luc : "Non. La seule chose qu'il a en commun avec moi est sa persévérance. J'ai une approche plus commerciale et créative, tandis que Thibo est plus un expert opérationnel et financier. Je connaissais, pour ainsi dire, chaque nouveau contact qui arrivait, alors que Thibo connaît personnellement chaque employé."
Thibo : "Dans un scénario parfait, mon père aurait vingt ans de moins. Nous formerions en fait un duo très complémentaire, nous serions un tandem incassable."
Que signifie Mi Casa pour vous ?
Thibo : "Une organisation performante avec un petit groupe d'employés motivés, avec des tonnes d'expériences dans la construction en bois massif."
Jean-Luc : "C'est l'œuvre de ma vie. Et je suis très heureux de pouvoir être sûr qu'il est entre de bonnes mains avec Thibo. Or on ne peut laisser une entreprise à ses enfants que lorsqu'ils sont compétents."